Châtellerault
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Les détecteurs de poissons servent à tout. Parfois, on attrape du gros, même si l'espèce au bout du fil n'est pas toujours celle que l'on croit.
Lundi soir, Yoan David, gérant du magasin de pêche « Esprit pêche », installé sur le boulevard de l'Envigne, a fait une touche de belle taille. Environ 1,70 m pour une soixantaine de kilos. Un voleur tout frais !
Indécelable
« J'avais piégé ma caisse. J'ai utilisé un système de détection pour les carpes », confie le commerçant fier du bon tour qu'il a joué. « J'ai mis le système avec un plomb de 150 derrière le tiroir. C'était indécelable. »
David se doutait que le voleur, déjà venu deux fois lui vider le tiroir-caisse, allait revenir. Il avait repéré Mohamed. Il s'était déjà présenté dans le magasin fin novembre. Bilan total : 530 €
« Le soir, quand j'ai fait les comptes, j'ai cru à une erreur de caisse. Et puis lundi matin, il est revenu pour se servir. »
Le commerçant imagine alors son stratagème. Le soir, il monte dans l'appartement situé au-dessus du magasin. L'alarme à carpes se réveille. David dévale les escaliers et tombe sur le râble de Mohamed qui le repousse violemment.
Souffrant d'une hernie, David se cogne le bas du dos. Sa belle-mère vient à sa rescousse, elle aussi est repoussée. Dans la bagarre tout le monde est un peu blessé. « Je l'ai attrapé par la ceinture, il a eu tellement peur qu'il s'est pissé dessus », remarque-t-elle.
" J'ai eu peur "
Plaqué au sol, le voleur est interpellé par les policiers. « J'ai eu peur. J'ai complètement déraillé. C'était facile. J'ai eu peur des représailles, je voulais partir avec mon argent ! C'est pour me dépanner », explique ce Châtelleraudais de 39 ans jugé hier.
" S'il avait tiré "
Il assure même que David a exhibé un fusil. « S'il avait tiré, au moins, je ne serais pas au tribunal ! » Le commerçant nie, et l'enquête des policiers n'a pas mis en évidence le moindre fusil.
Après six années de détention pour différents faits, Mohamed se tenait à carreaux depuis 2006. Les choses ont mal tourné plus récemment. Il enchaîne des séjours à l'hôpital Laborit, ne peut plus travailler et multiplie les petits larcins qui lui valent une convocation en justice début janvier.
« C'est un pauvre type et vous avez en face de braves gens », note Me Bourdier, avocat des victimes. « Il l'a tout de même mordu. Il a mal au dos, sa belle-mère a aussi été violentée. Et le magasin va devoir être fermé une semaine. »
Appel entendu
Le procureur réclame huit mois de prison ferme et la détention. Une sanction trop dure pour Me Adrien Soulet. « Il n'a rien fait durant sept ans. C'est le procès de la misère. Il a été hospitalisé plusieurs fois pour des problèmes psychologiques. Il mérite plus un sursis avec mise à l'épreuve. »
Un appel entendu. Mohamed Belkheir écope d'un an de prison dont la moitié ferme et deux ans de mise à l'épreuve.